"To tell a story" veut dire en anglais: "raconter une histoire".
Depuis la nuit des temps, l'être humain dès l'enfance, a aimé les histoires.
Gérer l'hôpital, c'est gérer les Hommes qui travaillent à l'hôpital (qui sont d'ailleurs des femmes à 80%) et c'est gérer les sous. Mais sans les hommes, les sous ne servent à rien. (Gérer les patients qui fréquentent l'hôpital et leurs problèmes de santé devrait rester de préférence l'affaire des soignants médecins et non médecins dont c'est le métier).
Gérer l'hôpital c'est donc d'abord gérer la première ressource de l'hôpital: la ressource humaine.
Actuellement on remplace volontiers le mot "gérer" par l'anglicisme "manager", la gestion devient ainsi le "management" et les théories du management, théories qui prétendent aider les managers à bien manager, sont innombrables.
Une histoire ancienne: la manipulation des esprits par le discours, revient à la mode en s'anglicisant elle aussi: c'est le "storytelling management".
Dans un livre passionnant intitulé "Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits" (La découverte, Paris 2008), Christian Salmon, chercheur au CNRS, explique que le storytelling est utilisé actuellement d’abord en "communication" qu’il s’agisse de communication publicitaire ou de communication politique. C’est l'application de procédés narratifs dans la technique de communication pour renforcer l'adhésion du public au fond du discours. On le trouve parfois traduit en français par communication narrative.
Le storytelling consiste à faire émerger et à propager au sein des organisations ou du public une ou plusieurs histoires à fort pouvoir de séduction et de conviction.
En matière de gestion des organisations, on se fondait traditionnellement sur une trilogie: reconnaissance d’un problème / analyse / préconisation d’une solution.
Cette façon rationnelle d’essayer de régler un problème est très contraignante car les problèmes sont complexes et multifactoriels et d’autre part, une analyse rigoureuse et approfondie de ce qui a été présenté comme "un problème à régler" risque de conduire à une solution ne correspondant pas à l’orientation stratégique voulue par le manager : à l’heure des tweets, des SMS et du chacun-pour-soi-c’est-pas-mon-problème, le storytelling lui substitue une nouvelle trilogie : capter l'attention par la répétition et la dramatisation d'un discours édifiant / faire penser comme inéluctable voire désirable le changement / emporter la conviction par l’utilisation d’arguments raisonnés.
Le manager moderne n'est plus censé reconnaître et régler vraiment les vrais problèmes, il doit "conduire le changement" qu'en général d'autres ont pensé pour lui.
Cette injonction permanente au changement et cette apologie du changement sont par ailleurs reconnues par les sociologues et les psychologues comme très souvent déstabilisantes voire déstructurantes pour le psychisme humain. L’aversion des individus et des organisations pour le changement étant avérée, le storytelling est à la fois le vecteur de cette idéologie et le moyen de la rendre supportable, si "l’histoire" en question n’est pas trop déprimante.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Storytelling_%28technique%29